
La pollution de l’air en Inde est un problème environnemental majeur aux conséquences dévastatrices. De Delhi à la campagne indienne, des millions de personnes respirent un air dangereusement pollué, ce qui entraîne des problèmes de santé graves et une réduction de l’espérance de vie. Explorons les multiples facettes de cette crise, de ses causes à ses effets en passant par les initiatives en cours pour tenter de l’atténuer.
Une épidémie de pollution : état des lieux
En 2019, parmi les 30 villes les plus polluées au monde, 21 étaient en Inde. Un rapport basé sur les données de 2016 révélait que 140 millions d’Indiens respiraient un air dont la pollution dépassait 10 fois les limites fixées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les études montrent qu’environ 2 millions d’Indiens meurent prématurément chaque année en raison de la pollution de l’air. Les totaux impliqués sont stupéfiants : la moitié des polluants vient de l’industrie, 27% des véhicules, 17% de la combustion de résidus agricoles et 5% d’autres sources.
Les sources de la pollution
La combustion de biomasse et de carburant
En milieu rural, cette pollution provient majoritairement de la combustion de bois et de biomasse pour la cuisine et le chauffage. Les foyers traditionnels, présents dans plus de 100 millions de foyers, fonctionnent deux à trois fois par jour, libérant des gaz très réactifs par rapport à des carburants plus propres. Ces pratiques contribuent également à la formation de ce que l’on appelle le « nuage brun asiatique », retardant la mousson.
L’adultération des carburants
Dans les zones urbaines, l’adultération des carburants est courante. Par exemple, de nombreux taxis et tuk-tuk utilisent des mélanges d’essence et de diesel altérés par des hydrocarbures moins chers, accroissant ainsi la taux d’émissions nocives. En effet, l’ajout de kérosène à l’essence augmente les niveaux de monoxyde de carbone, de particules fines et d’oxydes d’azote, des substances cancérogènes bien connues.
La congestion du trafic
La congestion du trafic contribue aussi de manière significative à la pollution urbaine. Les faibles vitesses moyennes dans les villes indiennes (souvent inférieures à 20 km/h) augmentent les émissions par trajet. La vitesse de croisière optimale est rarement atteinte, entraînant une consommation de carburant inefficace et une augmentation significative de la pollution.
Les impacts sur la santé
L’exposition prolongée aux particules fines (PM2.5) peut causer des maladies respiratoires et cardiovasculaires graves. Des études montrent que des millions d’enfants à Delhi présentent des anomalies pulmonaires et que l’asthme est extrêmement courant en Inde, particulièrement parmi les jeunes. Plus d’un million d’Indiens meurent prématurément chaque année à cause de la pollution.
Les particules fines (PM2.5) sont particulièrement dangereuses car elles sont suffisamment petites pour pénétrer profondément dans les poumons et la circulation sanguine. Elles sont responsables de diverses maladies, allant des troubles respiratoires comme la bronchite chronique et l’asthme à des conditions cardiovasculaires sévères telles que les crises cardiaques et le cancer du poumon.
Les disparités régionales
La pollution ne se limite pas aux zones urbaines. Les régions rurales, souvent négligées dans les études et les politiques, souffrent également lourdement. Bien qu’il y ait eu une réduction de 20% des niveaux de PM2.5 en moyenne nationale au cours des cinq dernières années, les zones rurales demeurent encore bien au-dessus des limites recommandées.

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Les efforts pour combattre la pollution
Initiatives nationales et internationales
Le gouvernement indien a mis en place plusieurs mesures. En 1981, la loi sur la prévention et le contrôle de la pollution de l’air a été adoptée, bien que son application reste largement insuffisante. En 2015, l’Inde a lancé l’Indice national de la qualité de l’air, puis en 2019, le Programme national pour un air pur (NCAP) avec pour objectif de réduire de 20 à 30% les concentrations de PM2.5 et PM10, en prenant 2017 comme année de référence.
Méga-projets environnementaux
Parmi d’autres projets ambitieux, on trouve le projet de la « Grande Muraille Verte d’Aravalli », une ceinture écologique de 1 600 kilomètres qui se propose de planter 1,35 milliard d’arbres indigènes sur 10 ans pour lutter contre la pollution. Des techniques sont également explorées pour induire des précipitations et ainsi nettoyer l’air.
Analyses satellitaires et nouvelles technologies
Les satellites jouent un rôle crucial dans la surveillance des niveaux de pollution. Ils fournissent des données fines sur la concentration de PM2.5, tant en zones rurales qu’urbaines. Toutefois, pour une meilleure précision, il est essentiel d’augmenter le réseau de surveillance au sol. Le rapport recommande de disposer de 4 000 stations de surveillance, bien au-delà des 1 500 prévus par le NCAP.
Conséquences économiques et sociales
Selon une analyse de 2019, les pertes économiques dues aux décès prématurés et aux maladies liées à la pollution s’élevaient à environ 30 milliards de dollars, avec 8 milliards destinés aux soins de santé. Les défis posés par la pollution sont tels qu’ils pourraient compromettent les plans ambitieux du pays pour attirer de nouveaux investissements et créer des opportunités économiques.
Le futur de l’air en Inde : des pistes à explorer
Pour que l’Inde puisse respirer un air plus pur, il faudra une approche multisectorielle axée sur :
- La réduction des combustions de biomasse : promouvoir l’utilisation de carburants propres pour la cuisine et le chauffage.
- La régulation plus stricte des industries : instaurer des mesures de contrôle des émissions industrielles.
- L’amélioration de l’infrastructure des transports : réduire la congestion du trafic par des moyens de transport public plus efficaces et l’élargissement des routes.
- L’éducation et la sensibilisation : mobiliser l’opinion publique sur les risques de la pollution et les moyens de la réduire.
Continuer à documenter la nature changeante des émissions de pollution et des expositions en Inde est nécessaire. En s’appuyant sur des connaissances scientifiques et en quantifiant les effets sanitaires, l’Inde peut avancer vers un avenir plus sain et plus propre pour tous.
En conclusion, la lutte contre la pollution de l’air, tout comme la pollution de l’eau, en Inde est une bataille complexe qui nécessite l’effort concerté de tous, des gouvernements aux citoyens. En développant des stratégies efficaces et en les mettant en œuvre avec détermination, l’Inde pourra non seulement améliorer la santé de ses habitants, mais aussi garantir un avenir prospère et durable.