La pollution atmosphérique entrave la croissance future du tourisme en Thaïlande et laisse présager de sombres perspectives pour ce secteur

Le sommet du Doi Suthep est l’une des destinations préférées des touristes qui souhaitent découvrir l’histoire et les paysages époustouflants de Chiang Mai. Toutefois, l’augmentation récente de la pollution atmosphérique a empêché les randonneurs de profiter de vues à couper le souffle en raison du ciel pollué.

Malgré la levée de la réglementation COVID-19 sur les masques, de nombreux habitants choisissent encore de se couvrir le visage. Non seulement les Thaïlandais craignent toujours les infections, mais la pollution de l’air est également une préoccupation majeure. À l’aide d’un smartphone, le lecteur de l’indice de la qualité de l’air a enregistré un niveau de plus de 165 PM2.5, bien au-delà de la fourchette dangereuse de 150. Cela signifie que les gens risquent de développer des affections respiratoires s’ils restent trop longtemps à l’extérieur.

Au début et à la mi-février, les niveaux de pollution de l’air à Chiang Mai et dans d’autres villes du nord de la Thaïlande ont dépassé les 200 PM2,5, ce qui fait de la région l’un des endroits les plus contaminés au monde. Pendant la saison sèche, qui s’étend généralement de novembre à février et jusqu’en avril dans certaines régions, les niveaux de qualité de l’air sont susceptibles de baisser car les agriculteurs thaïlandais profitent pour brûler les champs afin de les débarrasser de leurs feuilles avant de replanter.

Les agriculteurs qui brûlent les champs provoquent la pollution de l’air à Chiang Mai

Depuis des décennies, les agriculteurs thaïlandais de Chiang Mai brûlent les champs afin d’enlever les feuilles avant de planter et de recoltet. Ce faisant, un dense panache de fumée se répand chaque année dans la région, entraînant des niveaux de pollution de l’air dangereux pour la santé humaine. Pendant la saison des feux, Chiang Mai est l’une des villes les plus polluées au monde.

Même si le gouvernement thaïlandais a tenté de réprimer l’utilisation du feu pour le défrichage, les agriculteurs continuent de brûler leurs champs. Ce problème s’est avéré difficile à résoudre, car cette pratique est profondément ancrée dans la culture thaïlandaise et constitue une source de revenus nécessaire pour de nombreuses familles rurales.

L’augmentation des niveaux de pollution atmosphérique a eu des conséquences désastreuses sur l’industrie touristique thaïlandaise. Les voyageurs sont moins enclins à visiter le pays s’ils savent que les niveaux de qualité de l’air sont faibles et que leur santé pourrait être mise en danger. La Thaïlande est tributaire du tourisme et de la qualité de l’air pour assurer son avenir ; il est donc essentiel de prendre des mesures pour lutter contre la pollution de l’air dans le pays. En appliquant correctement la réglementation, en organisant des campagnes de sensibilisation du public et en incitant les agriculteurs à cesser de brûler leurs champs, on peut espérer que la Thaïlande sera en mesure de réduire ses niveaux de pollution de l’air.

Les émissions des automobiles constituent un autre facteur contribuant à la pollution de l’environnement

La pollution a eu un impact considérable sur Bangkok, située au cœur d’une région agricole essentielle. À la fin du mois de janvier, plus de 380 000 personnes souffraient de problèmes respiratoires et d’irritations des yeux en raison de cette crise environnementale de plus en plus préoccupante.

Le Premier ministre Prayuth Chan-ocha a demandé à ses agences gouvernementales d’élaborer un plan d’action, tout en recommandant aux citoyens de travailler à domicile et de porter des masques. En réponse, le gouvernement a eu recours à des avions d’ensemencement des nuages afin de faire tomber la pluie et de grands purificateurs d’air ont été installés autour des zones peuplées ; malheureusement, ces actions se sont avérées insuffisantes.

En Thaïlande, plusieurs projets de loi ont été déposés au parlement pour lutter contre la pollution de l’air. Toutefois, ces politiques n’ont pas encore été adoptées en raison de l’opposition des entreprises qui seraient tenues d’adhérer à des normes plus strictes. Les constructeurs automobiles ont désormais jusqu’à janvier 2024 pour se conformer à la norme d’émission européenne Euro 5 pour leurs nouveaux véhicules, un délai supplémentaire par rapport à l’échéance de 2021 initialement prévue.

Alors que le mois d’avril apporte davantage de pluie, l’intérêt des législateurs diminue, ce qui explique en partie le retard pris dans l’amélioration de la qualité de l’air. Si la Thaïlande ne prend pas rapidement des mesures pour lutter contre la pollution de l’air, non seulement la santé de la population sera compromise, mais l’économie du pays – qui dépend fortement du tourisme – pourrait en souffrir considérablement.

Le gouvernement thaïlandais et le secteur du tourisme présentent la saison sèche comme la période idéale pour voyager en Thaïlande. Toutefois, l’industrie touristique thaïlandaise est avertie que si la qualité de l’air ne s’améliore pas rapidement, les visiteurs étrangers pourraient renoncer à leur voyage ou même choisir un autre pays.

Pour tenter de relancer l’économie thaïlandaise mise à mal par la pandémie, la Thaïlande a mis en place un plan de promotion du tourisme ciblant les visiteurs fortunés et les touristes médicaux. Toutefois, cette stratégie comporte son lot de difficultés, car les personnes qui accordent la priorité à leur santé risquent d’être rebutées par la pollution de l’air dans les villes. Il n’est donc pas certain que ces efforts soient couronnés de succès.

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About the Author: Bruno Therrien